Jour J moins 1. Dans 24 heures, ce sera plus de cinq mille personnes qui prendront le départ du Marathon de Vancouver 2013. Apres des semaines et des mois d'entrainement intensif regles selon la methodologie de Jon Stanton, marathonien et proprietaire des magasins Running Room, apres des cela je peux, cela je ne devrais pas et des cela je ne peux vraiment pas, apres des doutes bien legitimes quant a ses propres capacites physiques et mentales a affronter l'epreuve, nous sommes au rendez-vous.
Ci-dessus, Pom avec John Stanton
Le parcours!
Il faut visualiser le parcours, se rappeller les points de distribution d'eau et de boisson energisante, les cotes et leur degre de difficulte et aussi leur longueur, sans oublier les toilettes. 42.2 kilometres, l'heure n'est plus aux doutes, tout a ete verifié dans les moindres détails, des chaussures en passant par les gels vitamines, les gourdes remplies d'electrolyte, les montres GPS indispensables, la casquette, mouchoirs en papier, lunettes de soleil, il ne reste plus qu'à dormir. La nuit sera agitee.
5 mai, il est 6h00. Le reveil n'a pas eu besoin de vibrer, aujourd'hui, c'est le grand jour, un jour de combat entre le corps et l'esprit, une journee qui restera dans nos memoires. Nous avons de la chance, le soleil sera au rendez-vous lui aussi. L'atmosphere devient de plus en plus fébrile. On se rassure. Oui, on va la finir cette epreuve...oui, mais. Allez, ce n'est le temps, l'heure est a l'action. 6h30, nous voici dans les rues vides de Vancouver, il fait frais. Et puis, semblant venir de nulle part, tels des automates seuls ou en petits groupes, tous guides par la meme illumination, nous nous dirigeons vers le Canadian Line, le metro local en quelque sorte. Nous nous engoufrons dans la fourmiliere les uns apres les autres. Les voitures du metro sont deja a notre grande surprise remplies des memes individus arnaches selon les memes codes pour l'occasion. Sortie du metro, toutes les fourmis s'agglutinent et se dirigent vers le meme horizon.
On s est donné rendez-vous a la sortie du metro pour une photo avant de partir!
Au loin se profile la ligne de depart des quelques 10,000 participants au semi-marathon.
Le temps d'immortaliser l'instant, de taper dans les mains, de pousser quelques cris d'encouragement et il faut nous aussi rentrer dans l'arene. C'est dans une atmosphere et une ambiance tres sportive, que se preparent les coureurs. Pour certains, c'est le silence et la concentration, chrono prêt pour indiquer dans les moindres details des informations sur sa propre performance en fonction de son propre objectif de course. Et c'est un chroniqueur insatiable, plein de bonne volonte et completement incomprehensible qui dans un compte-a-rebours bien orchestré envoie le départ. Et c'est parti pour 42.2 kms. C'est deja aussi la premiere côte.
Chacun, secrètement, a preparé sa strategie pour ce marathon en fonction de son objectif de performance. Francoise m'avait inscrit dans le groupe des 4 heures...et j'avais un lapin coureur sur qui je pouvais me fier pour accomplir dans les temps l'epreuve en question. Sauf que....ca ne se passe pas necessairement comme ca. D'abord, apres avoir fait le plein non seulement d'energie avant de demarrer mais aussi le plein en liquide, le premier arret fut inevitable et je n'etais pas le seul qui pour ne pas etre deshydraté avait pensé strategie...et mon lapin dans tout ca, évaporé, et mon timing, et ma vitesse d'execution, et la, toute ma strategie non savamment mis en place dans ma tete ne tenait plus. Alors, j'ai joué les Forest Gump, il n'etait plus question d'arrêt, plus question de chercher un lapin fantome, j'avais 4 heures pour faire mon premier marathon. A partir de ce moment, plus ca allait, plus ca allait.
Quand certains marchaient dans les cotes, moi je continuais a courir. Les stands de distribution d'eau, et de boisson energisante n'etaient meme pas un pretexte pour m'arreter. Des mains tendues de volontaires avec des gobelets au bout des doigts faisaient le reste. Plus aucune des recommendations enseignees par Running Room ne tenaient, j'étais decidé a faire cette promenade en 4 heures et la seule chose qui comptait etait ce que me dictait ma montre. Tel un metronome, j'avancais, je doublais et plus je doublais, plus il y avait de concurrents et plus il y avait de concurrents et plus je voulais les depasser. Tu vois un peu le boulot. Une chose est sure, la course a pied est un sport fantastique, et bien que ce soit un sport individuel, c'est aussi un formidable sport d'equipe. Chacun se respecte, s'encourage, se motive. Ici, personne ne triche, ta performance c'est toi et uniquement toi, l'equipe c'est ton mantra, c'est elle qui te faire sortir pour aller faire ton entrainement alors qu'il pleut et qu'il fait froid, c'est elle qui t'encourage a aller plus loin, a te depasser mais c'est toi et seulement toi qui en accepte les regles. 37 kilometres plus loin, je me dis que je venais de depasser ma distance maximale jamais courue, je me dirigeais vers un nouveau record. Et c'est avec la meme determination et energie que je me dirigeais vers la ligne d'arrivee maintenant dans 5 kilometres. Et c'est sous un ciel bleu magnifique, une chaleur de plus en plus persistante, une foule encourageante de plus en plus nombreuse que je me dirigeais vers l'atteinte finale de mon premier marathon. Kilometre 39, 40, encore 2.2, je precise 2.2 parce qu'a ce stade, les 2 cents derniers metres sont peut-etre les plus ereintants, les plus demandants de ce 42.2 kilometres. Sournoisement, l'emotion s'installe. Et si mon pere me voyait, il aurait ete fier ....stop, je m'oblige a revenir a mes souffrances, au but ultime a atteindre.
Photos des deux derniers kilometres et de la dernière ligne droite:
Et si vous regardez bien, il ne touche plus terre !
Un dernier effort !
Il en voit le bout !
Dans mes oreilles, je n'entends qu'un flou de paroles sans parole, je ne sais qu'une chose, ces personnes inconnues en train de gesticuler dans tous les sens, sont ou des gens qui devraient depuis longtemps etre sur Ritallin ou des supporters infatigables bien decide eux aussi a, a leur maniere, faire partie de l'evenement. Derniere courbe. Ca y est, la ligne d'arrivee se profile dans cette ultime derniere ligne droite interminable en faux plat et c'est sous des pluies d'encouragement, des haut-parleurs qui vomissent des informations inintelligibles que je franchis la ligne d'arrivee en 4 heures 2 minutes.
Voila la photo de la ligne d arrivée !
4 heures et 02 minutes !
Cette fois, je pourrais le dire, je fais partie de ce 1% de la population mondiale a avoir accepté de relever ce defi. Merci a ma petite femme qui m'a convaincu que l'impossible etait possible!
et 30 minutes plus tard, voici mafam! D abord sur le pont de Burrard,
Du Pur Plaisir !
De la fatigue !
De la souffrance!
Un regain d'énergie! Plus que 2 kms!
Je veux finir avec Sahar!
4heures 30 minutes !
La dernière ligne droite !
On finit ensemble après 42km200!
Et nous sommes fiers!
Et après l'effort, le réconfort entre finissants !!!